On parle, de plus en plus, de cette bête, mystérieuse ! On est malheureusement tous amenés un jour à croiser la route d'un PN (Pervers Narcissique) et je ne résiste donc pas à l'envie de vous partager un passage ou Marie-Louise von Franz fait un parallèle entre le loup et son manque de sentiment bien avant que cela devienne une pathologie.
"On pourrait dire que chaque fois qu'un homme échappe au problème de la relation en se réfugiant dans la spiritualisation, il est toujours entre les griffes de la grande mère dévorante. Ce qui est en faite bien pire, car il transforme toutes les femmes de son entourage en mères dévorantes. Que peut-il faire d'autre ? S’il ne veut pas entrer en relation, il sera simplement dévoré ! Ce n'est naturellement pas la bonne chose, mais c'est une sorte de réaction involontaire et automatique chez une femme. Plus l'homme refuse d'accepter le lien, plus elle sent qu'elle doit l'emprisonner, l'attraper, le dévorer, lui interdire de se déplacer. Alors, il se rappelle qu'il existe une mère dévorante en chaque femme, et c'est un cercle vicieux. Il est déçu, car chaque femme se révèle être une louve dévorante. Puis il dit: « Nous y sommes ! C'est ce que j'ai toujours dit ! » et se dirige vers la femme. En fait, sa légèreté a aussi constellé son côté dévorant, et pour cette raison il est de nouveau pris dans le cercle vicieux et destructeur. Parce qu'il ne rentre pas en relation avec elle, elle vient munit d'un piège, une boîte pour le mettre dedans. Parce qu'il n'a pas d'amour pour elle, il prend pour prétexte son complexe de pouvoir. Ainsi, vous pouvez dire qu'un homme avec une telle attitude envers ses sentiments projette la mère dévorante partout à l'intérieur et à l'extérieur. Il est alors le loup. Mais au-delà de cela, le loup dans la mythologie n'a pas que les qualités féminines de la sorcière. Il a d’autres aspects: par exemple, dans les tombes étrusques, le dieu de la mort a une tête de loup ou est recouvert par une peau de loup. Le grec Hadès était aussi souvent représenté avec un bonnet sur lequel se trouvait une tête de loup, donc c'est aussi, la mort mise en abîme, pensée comme une sorte de mâchoire dévorante, dévorant les gens. Le loup représente - non seulement chez les femmes, mais aussi chez les hommes – la sensualité cruelle, celle qui n'a aucun but. Jung dit souvent, que parmi les pulsions les plus fortes auxquelles nous sommes confrontés lorsque nous ouvrons la porte de l'inconscient, se trouvent la pulsion de pouvoir, la pulsion sexuelle, puis quelque chose comme une faim dévorante qui veut assimiler tout sans aucune raison ni sens. C'est ce que nous voulons toujours de plus en plus. Si vous invitez de telles personnes à souper, elles ne seront pas enjouées, mais simplement furieuses de ne pas avoir été invitées également la semaine d'après. Si vous leur donnez un pourboire, ils ne seront pas reconnaissants, la prochaine fois si vous ne leur en donnez pas plus, ils diront: « Quoi ? Seulement un franc ? » Les pires sont ceux qui, dans la petite enfance, ont été privés d'amour. Ils sont pâles et pleins d'amertumes, leur expression crie « personne ne m'aime », mais lorsque vous leur faites un geste gentil, il ne l'apprécie pas, car il en désire plus. Si vous ne surenchérissez pas, ils sont furieux et enragés. Vous pourriez continuer, encore et encore, aller jusqu'à verser le monde entier dans leur bouche ouverte - cela n'aiderait en rien. Vous pouvez tout jeter; vous pouvez les nourrir nuit et jour, leur donner tout votre argent, faire ce que vous voulez - ils ne seront jamais rassasiés. C'est comme un trou sans fond, l'abîme de la mort: la bouche ne se ferme jamais, elle réclame toujours plus de sacrifices. C'est une sorte de passion existentielle, manger et toujours manger, avant d'être mangé, cela relève généralement d'une expérience traumatique dans la petite enfance où l'enfant a été affamé, privé d'amour ou d'un autre besoin vital sur le plan psychologique ou physique. À un moment, on se doit de dire non à chaque fois qu'une telle cupidité survient parce qu'elle n'a pas de fin. C'est l'apanage démoniaque, la volonté d'engranger « Plus ! Toujours plus ! De plus en plus ! » Le loup dans la mythologie germanique appartient également à Wotan et l'un de ses noms est Isengrin, qui signifie « tête de fer ». Mais il a également été associé dans le folklore à « une rage sombre et froide», on peut dire que le loup représente très souvent un sentiment froid et caché. La plupart des gens qui ont eu une enfance très malheureuse possèdent un tel loup au fond de leur âme. Mais il n’apparaît jamais. Il est totalement glacé et froid, en une rage pétrifiée, c'est ce qui est également à l’origine de cette voracité: « Les autres me doivent tout ». Si l’on a affaire à des orphelins ou à des enfants qui ont grandi dans un « foyer » en étant beaucoup battus, on peut généralement distinguer très clairement le loup. Mais naturellement, la bête ne reste pas confinée en eux. Beaucoup d'autres ont ce genre de loup en eux. Par exemple, un enfant qui à été frustré depuis la petite enfance. Si nous savons que sa mère était une femme faible et maladive, qui ne s'occupait pas de lui, que dans sa petite enfance il était si seul, qu'il voyait son double à la fenêtre. On se doute qu'il n'a pas grandi dans une atmosphère chaleureuse et instinctivement saine. Une telle situation est un cas typique pour que se développent cette avidité et le désir d'en avoir toujours plus.
Après avoir surmonté son sentiment hystérique de culpabilité aussi vrai soit-il, il tombe maintenant dans ce nouveau piège, et en sort de nouveau en aspirant à la lumière. Quand il étend les bras vers la lumière les loups disparaissent, donc il ne fait pas vraiment face au problème; il y tombe, puis, par énantiodromie, en sort quand la nuit redevient jour. Il tombe dans cet état sans réaliser ce que cela signifie vraiment et par la grâce de Dieu il s'en sort à nouveau. Naturellement, dans un tel cas, rien n'est résolu. Il s'enfonce à nouveau dans la nuit, et à la prochaine occasion la vie le ramènera au point initiale. Certaines personnes possédant cette problématique se rendent compte que la bête est gourmande qu'elle en veut de plus en plus qu'elle désire manger tout le monde et comme la situation leur échappe et devient déraisonnable, alors ils ne la laissent plus sortir. Ils se comportent très correctement, n'en demandent jamais plus, suivent les conventions, mais on soupçonne toujours que c'est juste de la politesse derrière laquelle est mis en cage un loup affamé. Des personnes tombent alors soudainement à la merci du loup, soumises à de terribles demandes, impossibles à réaliser, qui ne peuvent pas être satisfaites, mais lorsque vous voulez en discuter de manière analytique et les confronter au problème, ils se dissimulent sous une façade intellectuelle schizoïde et le loup s'échappe à nouveau. Je peux dire: «Écoutez, je suis sûr que vous êtes furieux parce que je n'ai pas pu faire ce que vous vouliez quand vous m'avez appelé, et je pense que nous devrions en parler.» Mais ils répondent que ce n'est pas grave, qu'ils comprennent tout à fait. Le loup est retourné dans les bois, bien que vous sachiez que son sort n’a pas été réglé. Il vaudrait mieux qu'une telle personne explose et fasse une scène formidable, nous pourrions y faire face. Mais souvent tout s’effondre, et si vous dites alors artificiellement, que maintenant ils devraient le sortir, vous obtiendrez: « Mais je sais que c'est déraisonnable. Je sais que vous n'avez pas le temps. Je sais que je n'aurais pas dû vous le demander .» Le loup s'est volatilisé, mais sans se transformer. Marie-Louise von Franz, 10e conférence sur le puer Aeternus, 17 février 1960 à Zurich A tous les Pervers Narcissiques que j'ai eu la chance de rencontrer ... merci !
Ce qui est bien quand on ne dit rien c'est qu'on est sûr de ne pas se tromper.